Par
Gérard Clément
-
Bonjour docteur, voilà… Le cerf-volant ,c’est comme le vélo qu’ils
disaient…
Tu
tires à droite, ça va à droite, tu tires à gauche… ça va à gauche !
Le
temps que je m’en sorte
avec deux lignes, je découvre le pilotage à quatre lignes, le Fly, le
jump ….
Depuis, je ne
mange plus, je ne bois que l’eau du robinet et je dors en chien de
fusil, la fenêtre ouverte !
Docteur,
que puis-je faire ?
-
Vous n’êtes plus tout à fait ordinaire.. En tout cas c’est bien
l’impression que vous éprouvez lorsque vous vous échappez de vos réalités
quotidiennes en vous adonnant au plaisir du cerf-volant. Si il y a
quelques années, vous observiez complaisamment les tumultueux bambins qui s’égayaient à grands cris sur les plages du littoral, accrochés
à un morceau de toile porté par le vent, vous posez aujourd’hui un
regard nouveau sur ce qui est devenu une activité à part entière…
Certes,
de rares adultes se commettaient publiquement à initier les plus jeunes
aux techniques confidentielles transmises par un parent attachant, mais
ils étaient suspectés de répondre à des pulsions psychologiques
marginales , proches de l’anormalité. L’être civilisé du monde
occidental ne s’affiche pas dans une activité ludique et apparemment
futile si elle n’est pas codifiée….
Mais
voilà, le monde change, bouge, évolue. Les certitudes de la civilisation
technicienne s’effritent, les dogmatisme obtus ont leur place au Musée
Grévin, les perversités de nos systèmes économiques laissent un grand
vide sur les interrogations du futur…
Toutefois,
la nature est bien faite et vous sentez bien que vos besoins d’équilibre
fondamentaux peuvent être satisfaits facilement, en puisant à la source
des éléments naturels qui vous entourent.
Aidé
par une prise de conscience collective qui déferle nos sociétés, vous
devenez acteur plus ou moins lucide d’un renouveau comportemental dans
votre rapport avec la nature. Ce besoin de plaisir, de liberté
individuelle, ces réticences au risque imprévu, vous pousse vers des
activités de loisirs déliés des contraintes , délivrés des
conventions tout en préservant votre sécurité.
Dialoguer
individuellement avec l’air, la mer, la montagne n’est pas chose
facile et il n’est pas question de tricher dans un jeu où les règles
de l’harmonie restent à découvrir. Parallèlement au développement
des activités de plein air : planche à voile, speed-sail, roller,
VTT, parapente…, le cerf-volant semble être en correspondance
sociologique avec les recherches profondes de chacun. Pour s’exprimer
librement, le cerf-volant, à l’image de l’homme, a besoin d’être
captif, prisonnier en somme. Sans son lien protecteur, il n’est plus
qu’un corps inerte qui retombe.
Si,
dans un premier temps on s’est contenté de recopier des modèles
anciens avec des matériaux modernes, il reste qu’aujourd’hui, sous
l’influence de bricoleurs géniaux, les pratiques du cerf-volant se sont
déverrouillées pour échapper aux créations purement techniques,
laissant place à l’imaginaire. Les réminiscences enfantines
s’expriment sur une population adulte qui s’assume pleinement dans
l’expression de ses sensibilités, de ses phantasmes. Par ailleurs la
pratique du cerf-volant ne nécessite pas une logistique lourde.
En
quelques minutes l’appareil facilement transportable, est prêt à
l’emploi ; les terrains favorables foisonnent et, contrairement à
d’autres activités qui obligent à une préparation, un lieu spécifique,
un matériel encombrant, le cerf-volant permet de vivre une sensation
directe, une émotion immédiate. Vous n’êtes novice que face à vous-même
et n’avez de compte à rendre à personne. Vous pouvez de plus pratiquer
en famille, initier votre entourage à cette activité de sport-loisir.
Vous
n’êtes plus obligé de délaisser vos proches pour vous adonner à un
moment de plaisir dont vous déterminez seul la durée. Face aux éléments
naturels, vous restez votre propre capitaine, les pieds sur terre mais la
tête dans les nuages. Grâce au cerf-volant pilotable, vous ne vous
contentez plus d’une attitude contemplative ; vous bougez, vous
vous dépensez et devenez parfois virtuose dans le cadre de vos propres
limites. Le cerf-volant présente cet avantage notoire de satisfaire à
des démarches exclusivement individuelles.
Considéré
comme un simple jeu, un art ou un sport, le cerf-volant continue
inlassablement à satisfaire cet inexplicable inutile qui nous est
pourtant essentiel.
Bien
après seulement, vous êtes devenu cerf-voliste….Et là ! C’est
un autre aspect des choses, qui nécessite une thérapie spécialisée
dans l’étude des comportements génétiquement modifiés…
Mais
pour tentez de répondre à vos angoisses, disons que le pilotage à
quatre lignes, c’est une intimité, une ambiance…
Il
faut prendre des précautions, que le geste devienne naturel ;
c’est une remise en cause personnelle des habitudes… Voyez-vous, vous
êtes quasiment en état d’adultère par rapport à votre double ligne
de conduite…
Je
vous fait une ordonnance ?
Non
merci docteur, j’ai pas tout compris… G.C
***********************************************************
Edito
Bis
Par
philippe Revelat
Salutations amis LUCANISTES ,
car c'est ce terme qui a été retenu par
l'Académie pour définir les adeptes de notre loisir préféré.
Lucaniste :ce n'est pas le mot le plus poétique
qui soit mais réjouissons nous quand même de la reconnaissance apportée
à notre discipline et à ses pratiquants que représente cette entrée
nouvelle dans tous les bons dictionnaires.
On se prends à rêver... Cerf-volant , discipline
olympique...
Mais ne brûlons pas les étapes . Établissons d'abord ensemble des bases solides, des structures fédérales fiables
afin que la pierre apportée par chacun à l'édifice lucaniste fasse de
notre passion un sport-loisir reconnu et respecté.
Enfin ,et en ces temps troublés , je vous invite
à avoir une pensée pour les victimes du terrorisme quelles que soient
leur origine ou nationalité ainsi que pour les enfants afghans toujours
privés de la joie de la pratique de cerf-volant. P.R.
vous voulez participer à l'aventure ou
devenir partenaire: eolemag@free.fr

|