Petit coup d'œil dans le rétroviseur
en direction d'un cerf-volant américain, le Tracer (Skynasaur). Pourquoi
lui ? La première raison est affective : je possède 2 Tracer, avec lesquels
je vole tantôt en individuel, tantôt en paire. Ceci depuis 6 ans, et sans
jamais m'en lasser. Le cœur a ses raisons...

La deuxième raison est plus rationnelle
: voici un cerf-volant du début des 90's, qui fut un précurseur pour son
époque. Aspect trapu, nez large et déformable, bridage croisé, design
asymétrique... Le Tracer était dans les premiers cerfs-volants " polyvalents
" pour le ballet : capable d'être précis et capable de passer les figures
d'un freestyle naissant à l'époque. Et quand on y regarde d'un peu près,
le Tracer a fait beaucoup de petits : le TC Ultra, le Jam Session, l'Excess,
l'Illusion... Il y a évidemment matière à redire mais en tout cas l'aspect
général du Tracer en a inspiré plus d'un. Le design est discutable mais
a le mérite de l'originalité et de la solidité : en 6 ans, rien ou presque
n'a bougé, ceci dit les matériaux employés sont d'un autre temps (le début
des 90's, évidemment).

En vol, le Tracer est légèrement survireur, mais capable de lignes droites
redoutables et le bridage croisé permet d'enchaîner les angles serrés.
Les stops et dérapages sont faciles, le free-style de base passe à condition
de tenir compte de la souplesse de l'armature d'origine. Les miens sont
en Avia 240 (il existe une version Avia 210 et une version ultra lite
en Advantage), structure un peu souple mais très résistante (jamais rien
cassé !). J'ajouterai que les tortues sont parmi les plus belles que j'ai
vues : bien stables, contrôlables et très facilement récupérables (bien
plus qu'avec un Jam Session à mon avis).
|
Il faut par contre se méfier
de la traction développée par le Tracer dans les vents médium à forts
: du fait de son armature il encaisse et ce sont les lignes qui cassent
!
Alors pour finir, dépassé le Tracer ? Pas si sûr... Prenez le bridage
: conçu et marqué pour un passage en 4 lignes, brides fixés sur le connecteur
et non sur la barre (ce qui évite de démonter le bord d'attaque pour changer
le bridage), et surtout le bridage croisé. Ce dernier permet une vivacité
et une capacité à virer qui nécessiterait autrement une grande "vigueur"
dans les gestes.
Par vent fort, le croisé
permet de limiter les efforts sur la croix centrale, en contrepartie il
accentue la pression sur les barres. Pierre Marzin, en 96 dans Cerf-volant
Passion, estimait que le bridage croisé entraînait un vol "mécanique",
mais qu'il était bien adapté aux vents faibles... D'ailleurs l'Isis est
équipé d'un turbo croisé... Has-been le Tracer ? Ce cerf-volant a rompu
avec le design traditionnel des cerfs-volants de ballet US (Nsr, Edge...),
popularisé les engins polyvalents (argument commercial ultime) et innové
en matière de bridage. Ce cerf-volant n'est pas le dernier des dinosaures,
plutôt le premier des mammifères..
PS : j'aime aussi beaucoup les dinosaures
! Si les vents vous portaient du côté de Ouistréham (embarcadère car ferry
de Caen, Basse Normandie), et qu'un Tracer est en l'air, n'hésitez-pas...
venez vous payer une petite tranche de nostalgie.
David Cahart
Bibliographie :
Cerfs-volants magazine N° 6
Cerfs-volants magazine N° 10
Cerf-volant passion N° 2
Cerf-volant passion N° 8
|