Le Tracer par David Cahard

Petit coup d'œil dans le rétroviseur en direction d'un cerf-volant américain, le Tracer (Skynasaur). Pourquoi lui ? La première raison est affective : je possède 2 Tracer, avec lesquels je vole tantôt en individuel, tantôt en paire. Ceci depuis 6 ans, et sans jamais m'en lasser. Le cœur a ses raisons...


La deuxième raison est plus rationnelle : voici un cerf-volant du début des 90's, qui fut un précurseur pour son époque. Aspect trapu, nez large et déformable, bridage croisé, design asymétrique... Le Tracer était dans les premiers cerfs-volants " polyvalents " pour le ballet : capable d'être précis et capable de passer les figures d'un freestyle naissant à l'époque. Et quand on y regarde d'un peu près, le Tracer a fait beaucoup de petits : le TC Ultra, le Jam Session, l'Excess, l'Illusion... Il y a évidemment matière à redire mais en tout cas l'aspect général du Tracer en a inspiré plus d'un. Le design est discutable mais a le mérite de l'originalité et de la solidité : en 6 ans, rien ou presque n'a bougé, ceci dit les matériaux employés sont d'un autre temps (le début des 90's, évidemment).



En vol, le Tracer est légèrement survireur, mais capable de lignes droites redoutables et le bridage croisé permet d'enchaîner les angles serrés. Les stops et dérapages sont faciles, le free-style de base passe à condition de tenir compte de la souplesse de l'armature d'origine. Les miens sont en Avia 240 (il existe une version Avia 210 et une version ultra lite en Advantage), structure un peu souple mais très résistante (jamais rien cassé !). J'ajouterai que les tortues sont parmi les plus belles que j'ai vues : bien stables, contrôlables et très facilement récupérables (bien plus qu'avec un Jam Session à mon avis).

Il faut par contre se méfier de la traction développée par le Tracer dans les vents médium à forts : du fait de son armature il encaisse et ce sont les lignes qui cassent !



Alors pour finir, dépassé le Tracer ? Pas si sûr... Prenez le bridage : conçu et marqué pour un passage en 4 lignes, brides fixés sur le connecteur et non sur la barre (ce qui évite de démonter le bord d'attaque pour changer le bridage), et surtout le bridage croisé. Ce dernier permet une vivacité et une capacité à virer qui nécessiterait autrement une grande "vigueur" dans les gestes.

Par vent fort, le croisé permet de limiter les efforts sur la croix centrale, en contrepartie il accentue la pression sur les barres. Pierre Marzin, en 96 dans Cerf-volant Passion, estimait que le bridage croisé entraînait un vol "mécanique", mais qu'il était bien adapté aux vents faibles... D'ailleurs l'Isis est équipé d'un turbo croisé... Has-been le Tracer ? Ce cerf-volant a rompu avec le design traditionnel des cerfs-volants de ballet US (Nsr, Edge...), popularisé les engins polyvalents (argument commercial ultime) et innové en matière de bridage. Ce cerf-volant n'est pas le dernier des dinosaures, plutôt le premier des mammifères..
PS : j'aime aussi beaucoup les dinosaures ! Si les vents vous portaient du côté de Ouistréham (embarcadère car ferry de Caen, Basse Normandie), et qu'un Tracer est en l'air, n'hésitez-pas... venez vous payer une petite tranche de nostalgie.
David Cahart
Bibliographie :
Cerfs-volants magazine N° 6
Cerfs-volants magazine N° 10
Cerf-volant passion N° 2
Cerf-volant passion N° 8

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